Les Hadza, un peuple d'Afrique menacé

Les Hadza vivent-ils comme les premiers Hommes ? Les Hadza ou Hadzabés vivent en petits groupes dans un pays, à l'est de l'Afrique, que l'on appelle la Tanzanie. Leur territoire se trouve autour du lac Eyasi. Ils sont à peu près un millier dans cette région, dont à peine 250 vivent encore de la chasse et de la cueillette comme nos lointains ancêtres. Mais aujourd'hui leur mode de vie est menacé par d'autres peuples qui s'emparent de leurs terres.

Les Hadza, un peuple d'Afrique menacé
© Hugo l'escargot

En quoi leur mode de vie est-il différent du nôtre ?

Les premiers Hommes vivaient comme les Hadza. Ils ne cultivaient pas la terre, n'élevaient pas de bétail et se déplaçaient sans cesse pour trouver de la nourriture. Puis, il y a 10 000 ans environ, ils inventèrent l'agriculture et l'élevage. Ils construisirent alors des maisons à côté de leurs cultures et de leurs troupeaux car ils n'avaient plus besoin de changer d'endroit continuellement pour trouver de quoi se nourrir. On dit qu'ils se sédentarisèrent. Bientôt, d'autres maisons furent construites à côté des premières, formant des villages, qui deviendront des siècles plus tard, les villes modernes que nous connaissons.

© Hugo l'escargot

Mais pendant ce temps-là, les Hadza continuent de vivre une existence nomade. Si la chasse et la cueillette sont difficiles à un endroit, ils le quittent pour un autre. En moins d'une heure, ils reconstruisent des cabanes sommaires en forme de nid à l'envers, faites de longues herbes et de brindilles. Les femmes restent autour du camp où elles cueillent des baies, des fruits de baobab ou des racines comestibles. Les hommes partent, généralement aux heures les plus fraîches de la journée (au lever ou au coucher du soleil), pour récolter du miel et chasser. Ils mangent à peu près tout ce qu'ils trouvent à l'exception des serpents. Leur menu est composé d'oiseaux, de dik-diks (une petite antilope), de phacochères, de porcs-épics, de babouins et, plus rarement, de plus gros animaux comme les gnous ou les zèbres, qu'ils tuent à l'aide de flèches empoisonnées. Après la chasse, ils rentrent au camp pour partager le gibier avec le reste du groupe. Si la proie est trop lourde à déplacer, c'est tout le camp qui se déplace vers elle. Leur cuisine est simple. Ils retirent la peau de l'animal et le font cuire directement sur le feu avant de le partager avec tous les membres du clan.

Ce qui les différencie encore de nous, c'est qu'ils mènent une vie d'une grande liberté et d'une grande simplicité.

Ils n'utilisent aucun calendrier : Ils se repèrent dans le temps grâce à la lune mais ils ignorent ce qu'est une heure ou une année. 
Le travail n'existe pas : Ils cherchent leur nourriture de 4 à 6 heures par jour mais ils n'ont ni emploi, ni horaire.
L'argent n'existe pas : Ils échangent parfois du miel contre ce dont ils ont besoin.
Ils ne possèdent pratiquement rien : Une gourde, une hache, un arc, des flèches, un couteau, une pipe taillée dans une pierre tendre et un peu de tabac sont leurs seuls biens.
Ils partagent tout : Pour éviter de manquer de nourriture, chaque groupe compte rarement plus de 30 personnes. Tout le gibier qui est tué est partagé avec tous les membres du clan.
Ils n'ont ni chef, ni loi, ni prison : On écoute les anciens, mais ce ne sont pas des chefs. Les lois n'existent pas. En cas de dispute entre deux personnes, l'une d'elles quitte le camp pour un autre groupe Hadza.
Ce ne sont pas des guerriers : Aucune guerre entre Hadza ou contre un autre peuple n'est connue à ce jour. Les terres appartiennent à tout le monde, elles n'ont aucune frontière à défendre. 
Les femmes sont les égales des hommes : Elles ont autant de pouvoir que les hommes et peuvent même rejeter leur petit ami sans explications (le mariage n'existe pas).
Les Hadza sont de vrais écologistes : Ils ne polluent pas la nature qui les nourrit. Ils fabriquent tout avec les matériaux qui les entourent. Leur arc, par exemple, est en bois et la corde est en tendon de girafe ou d'impala (une sorte de gazelle). 

© Hugo l'escargot

Pourrions-nous vivre comme les Hadza ?

Nous ne résisterions pas longtemps ! Les Hadza sont libres mais leur vie est risquée. Les chutes d'arbre, morsures de serpent et attaques de lion sont des accidents fréquents qui peuvent être mortels. Quant aux femmes, elles accouchent seules, accroupies dans la brousse. L'absence de médecin dans cette environnement hostile est responsable de la mort d'un enfant sur cinq avant l'âge d'un an et de celle de la moitié des autres avant l'âge de 15 ans.

Comment se fait-il que leur manière de vivre n'ait pas changé au cours des siècles ?

Ils sont longtemps restés isolés. Dans cette partie de la Tanzanie, la chaleur est difficile à supporter. Le sol de cette région est pauvre. L'eau potable est rare malgré la présence de lacs (le lac Eyasi est un lac salé). En plus, les insectes sont insupportables et même dangereux car ils transmettent des maladies. Certains individus souffrent du paludisme causé par les moustiques ou de la maladie du sommeil, transmise par la mouche tsé-tsé. Depuis plusieurs années, ils ne sont plus aussi seuls qu'autrefois. Le nombre d'habitants dans les régions voisines a augmenté. Les agriculteurs et les éleveurs sont donc de plus en plus nombreux et manquent d'espace, c'est pourquoi ils s'installent désormais sur les terres des Hadza. Mais leur présence est la cause de nombreux problèmes : ils font fuir les animaux sauvages, coupent les arbres où nichent les abeilles et construisent des routes qui traversent les territoires de chasse des Hadza. Petit à petit, les Hadza quittent leur vie nomade. Ils deviennent ouvriers agricoles, ou bien ils sont employés par des agences de voyages qui leur demandent de faire semblant de vivre comme ils le faisaient jadis, pour le plaisir des touristes.

En quoi la disparition du mode de vie hadza est grave ?

Un peu plus au nord de cette région du globe, on a retrouvé des traces de présence humaine vieille de 100 000 ans. L'arbre généalogique des Hadza a certainement plus de deux millions d'années et ils vivent encore comme le faisaient nos ancêtres il y a 40 000 ans. Avec la fin de leur culture, c'est un peu de l'histoire de l'humanité qui disparaîtra. Malheureusement, tous les peuples de chasseurs-cueilleurs sont menacés aujourd'hui. Ils ne sont plus qu'une poignée en Amazonie, dans l'Arctique, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Afrique. Ni primitifs, ni fossiles vivants, ils sont les derniers représentants d'une autre manière de vivre, plus rude bien sûr, mais aussi plus simple, plus libre et plus respectueuse des Hommes et de leur environnement que la nôtre… mais pour combien de temps encore ?

© Hugo l'escargot

Pour en savoir plus :

À méditer : qui peut prétendre que son mode de vie est le meilleur ? C'est l'une des questions posées sur le site Survival qui prend la défense des peuples indigènes en danger.

À regarder : l'article de Michael Finkel "The Hadza" est en anglais mais les photos de Martin Schoeller qui illustrent l'article sur les Hadza méritent le détour.

À dévorer : les Hadza raffolent du miel. Ils chassent parfois en compagnie de surprenants oiseaux qui leur indiquent, par un chant particulier, où se trouvent les ruches. Ces oiseaux que l'on appelle "indicateurs" ou "honeyguide" (guide du miel en anglais), trop petits pour s'attaquer seuls aux ruches, auront droit à quelques rayons de miel remplis de délicieuses larves, en échange de leur collaboration ! C'est magique !

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