Du graffiti romain au graff moderne

Des graffitis, de Paris à Pompéi... Le jour où vous avez dessiné au feutre indélébile sur le mur du garage familial, vous avez créé votre premier graffiti ! "Bizarrement" vos parents ont paru surpris. Pourtant cette manie de s'exprimer sur les murs ne date pas d'hier.

Du graffiti romain au graff moderne
© Hugo l'escargot

En effet, on a retrouvé une multitude de graffitis sur ceux de la ville romaine de Pompéi (près de Naples en Italie), gravés il y a plus de 2 000 ans. Encore aujourd'hui, on peut y lire des mots gentils ou méchants, des mots juste pour dire qu'on est passé par là mais aussi des mots sérieux pour critiquer l'esclavage ou les hommes politiques de l'époque.

Peut-on les comparer aux graffitis actuels à la bombe ou au marker ?

Oui, car ils sont réalisés dans des lieux publics (sur des murs, des palissades de chantier, etc.) pour que le plus grand nombre de personnes puissent les voir. Oui, car ils ne sont pas conçus pour durer. Ils seront recouverts ou effacés un jour ou l'autre. On dit qu'ils sont éphémères.

© Hugo l'escargot

Oui, car les graffitis ont généralement un message à transmettre sur les préoccupations d'une époque. Aujourd'hui, les auteurs de graffitis veulent souvent, au moyen de leurs créations, sortir de l'anonymat de nos  -trop- grandes villes, alors que dans l'Antiquité les pompéiens se plaignaient plutôt de la mauvaise qualité du pain ou faisaient l'éloge de la force d'un gladiateur. Non, car les graffitis actuels sont généralement plus artistiques et plus élaborés que les graffitis antiques (ils se résumaient souvent à quelques mots gravés). A tel point que ceux d'aujourd'hui sont devenus des moyens d'expression regroupés dans un mouvement appelé Art Urbain ou Street Art en anglais. 

Est-ce que c'est interdit ou pas de faire des graffitis ?

© Hugo l'escargot

C'est interdit si ça abîme ce qui appartient à quelqu'un (comme la façade d'une maison) ou à tout le monde (comme les parois d'un wagon de métro). C'est toléré si ça n’abîme rien, si ça n'ennuie personne, si le graffiti peut-être enlevé facilement (comme un graff en tricot, si, si, ça existe ou un graff sur une palissade de chantier). C'est autorisé quand c'est une commande, pour une exposition par exemple.

Mais ça sert à quoi de faire des graffitis aujourd'hui ?

© Hugo l'escargot

Certains ont tout simplement envie d'écrire leur nom ou plutôt leur pseudonyme. C'est ce que l'on appelle des tags. C'est un moyen d'exister dans des villes où on a souvent l'impression d'être un anonyme au milieu de la foule. D'ailleurs en anglais on appelle les graffeurs des writers, ce qui veut dire "écrivain" en français. D'autres ont envie d'exprimer leurs émotions dans des villes pourtant construites par des humains mais dans lesquelles ils ne se sentent pas très bien à cause du manque d'espace, du bruit, de la pollution, etc. Leur art est un moyen de penser la ville autrement, de la reconquérir pour s'y sentir mieux et de partager leurs peurs et leurs espoirs avec le plus grand nombre de personnes. 
Enfin certains ont juste envie que leurs créations soient vues du plus grand nombre de personnes, de dessiner en très grand, en plein air et avec des amis et pourquoi pas de partager leur passion avec les passants. Nous vous avons préparé une petite sélection d'artistes qui nous ont impressionnés et vous allez voir qu'ils ne manquent pas d'idées pour égayer les espaces grisâtres de nos grandes cités !

Le graff c'est de la bombe !

© Hugo l'escargot

Si le tag est une simple signature, le graff est un dessin beaucoup plus complexe qui peut-être réalisé avec les lettres du pseudonyme du graffeur comme dans cette peinture de KATRE. Petite surprise : ce graff est peint sur du film plastique (cellophane) tendu entre deux arbres comme dans cette vidéo de TRULUV.

Parmi les maitres du graff XXL on vous propose de regarder le CREW (groupe en français) ETAM en action. Ils sont deux (BEZT et SAINER), polonais, jeunes et talentueux : Ils utilisent surtout la bombe de peinture et la peinture acrylique étalée au rouleau pour concevoir des oeuvres monumentales comme celles ci-dessous.

Le pochoir, ça déchire !

Parmi les autres méthodes utilisées par les graffeurs, il y a aussi celle du pochoir. Cette technique consiste à découper un motif (personnages, lettres, motifs floraux,…) dans une plaque de carton, de métal ou de bois et à colorier la partie évidée du dessin. Vous allez mieux comprendre comment on procède dans cette vidéo de SHEPARD FAIREY qui s'est fait connaître dans le monde entier grâce à un portrait de Barrack Obama (le président des États-Unis) qu'il a réalisé pour soutenir la première candidature de ce dernier à l'élection présidentielle américaine.

Dans le monde du pochoir, faites aussi connaissance avec EVOL. Ce graffeur allemand parcourt à pied les rues de Berlin et photographie ses changements, bons ou mauvais. Ensuite, il s'inspire de ses photos pour en faire des pochoirs. Il s'intéresse surtout aux fenêtres qu'il reproduit à l'infini sur toutes sortes de support (murs, papier, blocs électriques). Nous on aime beaucoup ses immeubles peints sur des cartons d'emballage !

© Hugo l'escargot

Ça colle bien entre l'affiche et la graffeuse

Le collage, les autocollants, les affiches sont d'autres moyens fréquemment utilisés par les artistes urbains comme SWOON. Elle colle sur les murs des villes du monde entier les personnages qu'elle dessine d'après les photos qu'elle prend. Ce sont les gens ordinaires qui inspirent cette jeune femme très impliquée dans des actions humanitaires. Elle aime regarder, dessiner et coller les images de ces inconnus sur les murs de nos villes. Pourquoi ? Souvent les artistes de rue aiment redonner aux villes une bonne dose d'humanité dont elles manquent cruellement. En collant notre "reflet" un peu partout, Swoon redonne cette touche d'humanité à nos hauts murs tristes. Et puis elle aime penser qu'avec du papier, de l'encre et un peu de colle on peut surprendre les gens et les faire réfléchir à leur condition de vie dans ces lieux où ils s'activent quotidiennement mais qu'ils finissent par ne plus voir.

© Hugo l'escargot

Autour du même sujet

Apprendre

Thèmes associés